James C. Scott
Zomia ou l'art de ne pas être gouverné
Traduit par Nicolas Guilhot, Frédéric Joly, Olivier Ruchet
Préface
Seuil
2013
Présentation de l'éditeur
Depuis deux mille
ans, les communautés d’une vaste région montagneuse d’Asie du Sud-Est
refusent obstinément leur intégration à l’État. Zomia : c’est le nom de
cette zone d’insoumission qui n’apparaît sur aucune carte, où les
fugitifs ? environ 100 millions de personnes ? se sont réfugiés pour
échapper au contrôle des gouvernements des plaines.
Traités
comme des « barbares » par les États qui cherchaient à les soumettre,
ces peuples nomades ont mis en place des stratégies de résistance
parfois surprenantes pour échapper à l’État, synonyme de travail forcé,
d’impôt, de conscription. Privilégiant des modèles politiques
d’auto-organisation comme alternative au Léviathan étatique, certains
sont allés jusqu’à choisir d’abandonner l’écriture pour éviter
l’appropriation de leur mémoire et de leur identité.
James
C. Scott propose ici une étonnante contre-histoire de la modernité. Car
Zomia met au défi les délimitations géographiques traditionnelles et
les évidences politiques, et pose des questions essentielles : que
signifie la « civilisation » ? Que peut-on apprendre des peuples qui ont
voulu y échapper ? Quelle est la nature des relations entre États,
territoires, populations, frontières ?
L'histoire
de la rebelle Zomia nous rappelle que la « civilisation » peut être
synonyme d’oppression et que le sens de l’histoire n’est pas aussi
univoque qu’on le croit.
James C.
Scott est professeur de sciences politiques et d’anthropologie à
l’université de Yale. Spécialiste de l’Asie du Sud-Est, il est notamment
l’auteur de La Domination et les arts de la résistance (Amsterdam, 2009).
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